Par parole, nous entendons le langage en tant qu'il est notre : le
langage tel qu'existant. Le propos du livre est d'en scruter la
phenomenalite et la constitution. La parole apparait dans le vouloir de
parole, dans l'acte de parole, dans l'evenement de parole. Elle apparait
telle quelle dans des actes de langage plus remarquables et plus
remarquablement humains que d'autres. Elle apparait, de plus, comme
parole "aussi bien" vive qu'ecrite, comme parole faite texte aussi bien
que comme parole confiee a la voix. Elle apparait aussi comme acte de
devoilement et evenement de devoilement, et donc comme liee a une
economie de la verite. Ces quelques affirmations valent dans l'element
de l'a priori : elles valent partout, toujours et pour
tous. Encore faut-il leur adjoindre une force epochale. Au temps du
nihilisme, la mort de la verite entraine une certaine agonie de la
parole. La parole ne pourrait certes mourir que si l'homme lui-meme
mourrait. Mais pour ceux qui savent la parole en crise, il est des
paroles qui permettent plus que d'autres de survivre au nihilisme. Par
exemple l'acte liturgique de parole. Par exemple la parole poetique. Et
certainement toute parole liee au travail de la pensee.